La DMZ entre les deux Corée
- Écrit et voyagé le 20/06/2011
La DMZ, à la la frontière entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, est devenue une attraction très touristique. Tout est mis en place pour qu'on puisse tout voir, en voyage organisé avec un guide (obligatoire), telle une attraction de Disney Land.
Un petit rappel historique s'impose sur la guerre entre les deux Corées.
Avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, en février 1945, les Alliés avaient convenu qu'en Corée les forces japonaises stationnées au nord du 38e parallèle se rendraient aux Soviétiques, et celles qui occupaient le Sud aux Américains. Après des élections plus ou moins chaotiques dans le Sud de la Corée, deux hommes ont été 'élus': l'un sous la surveillance de l'ONU, Syngman Rhee, et le second, Kim Il-sung, sans aucune légitimité.
Petit hic, chacun des deux dirigeants avaient un même but, réunifier le pays, mais chacun à sa façon, selon sa propre idéologie politique. Le 25 juin 1950, l'Armée populaire de Corée (l'armée nord-coréenne) a traversé la frontière en prétendant riposter au franchissement du 38e parallèle par des troupes sud-coréennes. Tout va très vite, l'armée nord-coréenne est largement supérieure (tant matériellement que numériquement), et, mi-septembre, la quasi totalité de la péninsule est occupée. A partir de ce moment là, les forces de l'ONU entrent en jeu et la frontière est placée plus au Nord en novembre. Elle se stabilise ensuite au dessus du 38e parallèle. L'armistice est signée le 27 juillet 1953. Malgré cet accord, des tensions persistent, ponctuées de raids de commandos venus du Nord attaquer le Sud.
Le 27 mai 2009, dans le cadre de la crise nucléaire nord-coréenne, la Corée du Nord estime ne plus être liée par cette armistice. La guerre du Crabe depuis les années 1990 a occasionné plusieurs batailles navales. La paix n'est toujours pas signée.
Au final, cette excursion touristique se fait dans une zone de cessez-le-feu très fragile ...
Le troisième tunnel
La première chose qu'on nous montre, ceux sont les tunnels qu'ont creusé les Nord-Coréens pour attaquer Séoul. Ces tunnels étaient creusés à coup de dynamite. Du coup, pour les trouver, les Sud-Coréens perçaient de profondes canalisations (de quelques centimètres de diamètres) qu'ils remplissaient d'eau. Avec la puissance des détonations nord-coréennes, l'eau jaillissait des canalisations. Au total, 4 tunnels ont été découverts par les Sud-Coréens. Le troisième tunnel a été aménagé pour être visité et un petit train nous embarque dans les profondeurs. Le plafond du tunnel est bien bas et pas très large. Le casque est de rigueur! C'est très humide et on remarque facilement les trous percés pour placer les dynamites. Toutes photos étaient bien évidemment interdites !
A côté de l'entrée du tunnel, un film est projeté dans une salle. Une certaine ambiance de propagande... On continue dans des couloirs d'expo qui présente les différents éléments de la guerre et de la découverte des tunnels.
La gare de train de Dorasan
La gare de Dorasan symbolise la réunification entre les deux Corée. Elle est située juste à la limite de la DMZ, côté Corée du Sud. La guide nous explique que quand les deux Corée seront unifiées, la gare pourra être immédiatement opérationnelle: les gens pourront facilement voyager. En attendant, la gare est déserte. Une gare toute neuve sans un chat, une salle d'attente vide.... Pour quelques centimes, on peut accéder aux quais déserts. Cette gare reste pour le moment une attraction touristique.
Une locomotive criblée de balles
Un peu plus loin, on arrive à la station de Jangdan. Une énorme locomotive criblée de balles est exposée. Des jumelles permettent d'avoir une meilleure vue et j'en ai profité pour prendre des photos avec un meilleur zoom. Le pont a été détruit lors d'affrontements et les postes de gardes sont occupés par des soldats.
Une vue sur la DMZ
Le bus fait une troisième pause au sommet d'une petite colline. Ici, on peut de nouveau profiter des jumelles pour voir la DMZ mais la purée de pois cassés n'aide pas. Cependant, on ne peut pas prendre de photos à moins de 5m du muret. Impossible d'avoir de bonnes photos du coup. Et ceux qui en prennent, ce les font supprimer par les militaires qui surveillent. Ca fait très voyeurisme, c'est bizarre.
Je profite d'un point élevé pour prendre des photos depuis des jumelles en mode "sniper" !
Mettre un pied dans la DMZ nord-coréenne
La dernière étape du parcours, nous emmène carrément dans la DMZ. Là, c'est très surveillé. Avant de traverser le premier barrage, un militaire monte dans le bus pour vérifier les passeports de toute le monde. Il y restera jusqu'à ce qu'on sorte de la DMZ. A partir de ce moment là, tout est millimétré à la militaire. Il faut filer droit ! On nous emmène d'abord voir un film sur l'histoire de cette guerre (assez rapide). Puis on visite le lieu où a été signé l'armistice. Le bâtiment est posée sur la véritable frontière entre les deux Corée (c'est le morceau de béton large d'une cinquantaine de centimètres). Des militaires sont postés pour surveiller les bâtiments d'en face, en Corée du Nord. Ils sont pour la plupart placés de façon à avoir la moitié du corps protégée par le bâtiment tout en pouvant observer. De cette façon là, ils peuvent rapidement se mettre à l'abri en cas de tirs. En face, on remarque un militaire nord-coréen sortir du bâtiment et nous regarder avec ces jumelles. On a presque l'impression d'une mise en scène mais bon, on ne sait pas vraiment.
La guide nous a formellement interdit de faire quoi que ce soit comme signe ou geste une fois visible par les Nord-Coréens car tout signe peut être interprété comme une attaque ou un message. De l'autre côté, les Nord-Coréens se servent de cette non-communication pour affirmer que la Corée du Sud manipule touristes et civils, les empêchant de communiquer, etc ... Propagande de tous côtés.
Très étrange tout ça.
Au final, c'est une excursion sur la journée un peu chère certes (75 €) mais j'étais vraiment poussé par la curiosité de découvrir une telle zone visitable. Un côté flippant et étrange tout de même.